Ernest Benecke

On ne sait pratiquement rien des circonstances dans lesquelles Ernest Benecke, Allemand né en Angleterre, présumé banquier, réalisa ses photographies en Égypte, en Terre sainte, au Liban et en Syrie, en 1852-1853. A-t-il effectué un ou plusieurs voyages ? Résidait-il sur place ? Cinq de ses images, que l'on a identifiées parce qu'elles portent signature, date et légende sur le négatif, ont été publiées par Blanquart-Évrard dans plusieurs de ses albums composites. On en trouve encore quinze dans la documentation photographique de Prisse d'Avesnes et un ensemble très important est apparu en Allemagne il y a quelques années, en mains privées. On peut donc dire que l'œuvre de Benecke a été au moins aussi importante en quantité que celle de Du Camp, de Greene ou de Teynard. Le fait qu'il ait été en contact avec Blanquart-Évrard, que Prisse d'Avesnes comme Bartholdi aient pu se procurer certaines de ses images, en Europe ou en Orient, laisse espérer pour l'avenir d'autres découvertes, à travers d'autres liens avec les milieux des photographes, des savants ou des artistes.

Benecke, loin de se concentrer sur les monuments et les sites célèbres, tranche sur les curiosités de ses contemporains : il prend des portraits d'indigènes dans leur cadre de vie ou fixe des scènes quotidiennes, le potier occupé au tour dans sa cahute, les fellahs tirant l'eau du Nil, la chasse au crocodile. Sa technique est certes un peu rudimentaire, et il ne tire pas toujours de ses idées le parti que l'on aurait pu espérer ; mais ses thèmes, qui paraîtraient banals traités sur de grandes plaques au collodion par l'atelier de Bonfils vers 1870, restent exceptionnels en son temps, et paraissent caractéristiques de la pratique individuelle d'un curieux.

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Femmes Barabra et un enfant

Photographie et peinture vont entretenir longtemps une relation complexe. La photographie ne va pas se contenter longtemps de représenter l’existant tandis que la peinture va s’éloigner des fantasmes d’un Orient rêvé.

Certaines photographies alimentent les peintres. Fromentin écrit à sa femme, en octobre 1869, alors qu’il est invité à l’inauguration du canal de Suez : « Je commencerai, il sera grand temps, de fixer au moins par des notes écrites le plus gros de mes souvenirs. Ils abondent, et à défaut de croquis, ils me seront d’une certaine utilité même pour certains tableaux. À mon retour au Caire, je ferai de plus une ample provision de photographies. Elles ne vous donneront qu’une bien imparfaite idée de la beauté des choses. [...] Elles aideront du moins ma mémoire et fixeront des formes qui échappent au souvenir le plus sûr de lui. »

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Fellahs montant l’eau du Nil à l’aide de chadouf

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Potier égyptien dans son village 

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