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Focus

Henry Cammas

Temple d’Esneh
Temple d’Esneh

© Bibliothèque nationale de France

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Amateur d'antiquités autant de que de techniques nouvelles, Henry Cammas trouve en Orient, et notamment en Égypte, une terre fertile à son expérimentaton de la photographie.

Henry Cammas représente le véritable type de l'amateur. Sa lettre de demande de mission sans frais au ministère des Beaux-Arts en mars 1859 est rédigée ainsi : « J'ai l'intention de visiter l'Égypte, la Syrie, la Palestine et la Perse. Des affections de famille me feront séjourner à Alep où mon beau-frère M. Chatry de la Fosse vient d'être nommé consul. Ce voyage sera long, et je veux le rendre intéressant en profitant de mes connaissances en photographie pour prendre et envoyer en France une suite de vues et de costumes qui reproduiront les sites, les caractères et les monuments les plus remarquables de ces pays éloignés. » Parti en avril 1859 avec Lefèvre et sa femme, il séjournera trois ans au Proche-Orient, dont neuf mois en bateau sur le Nil en 1859-1860. La centaine de calotypes qu'il rapporte ont tous été faits lors de cette expédition fluviale. La Bibliothèque nationale de France possède soixante et une de ces images déposées par leur auteur, et un autre jeu sous forme d'un album dédicacé au comte de Paris.

Temple d’Esneh
Temple d’Esneh |

© Bibliothèque nationale de France

Temple de Kous
Temple de Kous |

© Bibliothèque nationale de France

Les calotypes représentant les principaux monuments d'Égypte sont d'une exécution tout à fait remarquable, encore rehaussée par la qualité du tirage. Cammas ne cache pas sa propre satisfaction ; ainsi écrit-il, au sujet de l'étape d'Ibsamboul : « Nos travaux photographiques avaient consumé deux journées, 1er et 2 février ; mais les beaux résultats obtenus étaient faits pour nous consoler du retard. Tout ce qu'une chambre noire peut prendre de la réalité, relief, ombres puissantes, chaleur même des terrains et des granits dorés par le soleil, nous l'emportions avec nous. »

On trouve encore dans ce récit, publié au retour avec son compagnon de voyage A. Lefèvre, quelques plaisantes anecdotes techniques, par exemple sur le figurant qui, selon une pratique habituelle dans la photographie d'architecture, devait donner l'échelle : « Nos appareils avaient singulièrement réduit la grandeur des temples, et nous sentions la nécessité d'un point de repère qui en indiquât tout d'abord les proportions colossales. La longueur de nos procédés ne nous permettait pas de songer à la pose d'un être vivant ; c'est pourquoi nous confectionnâmes un mannequin de moyenne taille, vêtu à l'européenne et coiffé d'un chapeau où nous eûmes l'idée d'écrire un nom de baptême (Abou-Sembi). [...] Toujours prêt à garder les poses les plus malaisées sur les genoux des colosses ou au pied des obélisques, il nous rend des services éminents récompensés par de nombreux portraits. C'est maintenant un homme comme un autre ; il vit en photographie. » La formule est bien frappée ; il reste que, bizarrement, le mannequin en question n'apparaît jamais sur les clichés de Cammas connus jusqu'ici.

Malgré son talent très réel pour la photographie, qui place ces images trop peu connues au même rang que celles des grands calotypistes du début de la décennie, Cammas ne poursuivit pas son œuvre au-delà de sa série égyptienne, mais se contenta de l'exploiter pendant au moins vingt ans.

Port de Philae et temple hypèthre
Port de Philae et temple hypèthre |

© Bibliothèque nationale de France

Temple hypèthre du sud à Philae
Temple hypèthre du sud à Philae |

© Bibliothèque nationale de France