Découvrir, comprendre, créer, partager

Focus

Pourquoi partir en croisade ?

Combat entre croisés et sarrasins
Combat entre croisés et sarrasins

Bibliothèque nationale de France

Le format de l'image est incompatible
Véritables pèlerinages en armes, les Croisades constituent un phénomène unique au cours de l’histoire. Entre nécessité sociale et engagement religieux, les motivations des Croisés sont parfois complexes à déchiffrer.

Pèlerinage armé, la « croisade » fait la synthèse entre le « pèlerinage à Jérusalem »  lequel vaut rémission des péchés  et la « guerre juste » contre les ennemis de l’Église, qui apparaît comme une contrepartie de la « paix de Dieu ». Pour le pape, c’est aussi le moyen de rassembler sous la bannière de l’Église la chevalerie d’Occident et d’imposer sa prééminence sur toute la chrétienté. Huit croisades se sont succédé entre 1095 et 1270, engageant plusieurs centaines de milliers de chrétiens.

À partir du 11e siècle, à l’appel du pape Urbain II, dans une forte attente de la fin des temps, les foules se mettent en marche, mues par le désir puissant d’être à Jérusalem au moment de l’avènement du royaume de Dieu.

En outre, le sentiment religieux anti-musulman croît régulièrement depuis qu’au 8e siècle l’Espagne est tombée aux mains de l’Islam. Au milieu du 9e siècle, les chrétiens ont lancé une contre-offensive qui n’a pas empêché la formation, au 10e siècle, d’un immense califat sous l’autorité de l’émir de Cordoue. Au tout début du 11e siècle, ce califat, affaibli, est morcelé en petits royaumes, facilitant la reconquête chrétienne.

Quand le pape Urbain II appelle la chevalerie française à la croisade outre-mer, la mobilisation dépasse ses espérances.

Les premiers à partir sont des pauvres ; ils prennent la route sans préparation, sous la houlette de Pierre l’Ermite, un prédicateur fanatique, et de Gautier Sans Avoir, un chevalier démuni et violent, qui les conduisent par voie de terre sur la route de Jérusalem. Ils n’attendent pas d’être parvenus en Terre sainte pour donner libre cours à leur furie religieuse et se rendre coupables de massacres de juifs. Ils débordent la chevalerie, qui a besoin de temps pour effectuer les préparatifs économiques et militaires d’un départ outre-mer. Celle-ci est plus organisée, encadrée par une papauté nouvellement réformée et qui découvre qu’elle peut unifier la chrétienté de l’Occident autour d’un grand projet.

Comme ils appartiennent à une société féodale, privilégiant les rapports familiaux et les relations d’homme à homme, beaucoup d’entre eux partent avec les membres de leur famille et même leurs familiers, chambellans, etc. Les frères emmènent leurs sœurs, les époux leurs femme et enfants. Les motivations des « croisés »  ainsi les appellera-t-on plus tard parce qu’ils cousent une croix de tissu sur leurs habits  sont complexes et variées. Au premier plan, une foi irréfléchie, intime et violente, fondée sur l’idée forte qu’ils vont contribuer à l’instauration définitive du royaume de Dieu sur Terre. Les croisés ignorent tout de la Terre sainte. Ils voient dans les peuples musulmans les ennemis du Christ, alors que ces derniers vénèrent Jésus  non comme Dieu mais comme prophète  et considèrent eux aussi Bethléem et Jérusalem comme des hauts lieux de leur foi, auxquels ils ne manquent pas de se rendre en pèlerinage, comme les chrétiens.

Flotte des croisés
Flotte des croisés |

Bibliothèque nationale de France

Convaincus d’aller délivrer le tombeau du Christ, qui leur était pourtant demeuré accessible, moyennant une taxe il est vrai, les croisés ne craignent pas la mort : le combat contre les Infidèles leur vaut l’indulgence plénière (autrement dit le paradis) et rien n’est plus beau aux yeux des chrétiens que d’être inhumé dans la ville même où le Christ est mort et ressuscité : à Jérusalem, au mont des Oliviers... Ce seul destin justifierait leur sacrifice. Un pèlerin du début du 13e siècle ayant laissé un récit de son voyage le dit bien.

"Pour le pardon de mes péchés, je me suis armé du signe de la croix et ai quitté ma maison, en pèlerin, avec mes compagnons. Je suis parvenu à Acre après avoir couru, sur mer et sur terre, des dangers qui semblaient bien menaçants à ma fragilité, mais bien minimes en comparaison de la récompense divine."

Texte anonyme d'un pèlerin du 13e siècle.