Arlequin Jason, comédie burlesque, 1685

Créée le 9 septembre 1684, Arlequin Jason ou la Toison d’or comique est la sixième pièce écrite par Fatouville pour la Comédie-Italienne. Son sous-titre renvoie à la tragédie en machines de Corneille, La Toison d’or (Paris, chez la veuve Adam, 1683), dans un esprit parodique. Chez Fatouville, l’histoire de Jason et des Argonautes est un prétexte pour faire rire le public : Médée (Colombine) donne vie à la statue de Jason et l’incarne en Arlequin afin de le rendre peu désirable aux yeux de sa rivale (Isiphile). Dans la « Scène du triomphe et du récit au combat », Jason-Arlequin évoque ses hauts-faits guerriers d’une manière qui tranche avec le sublime héroïque. Cette gravure tirée de l’Almanach de Bonnart (1685) pourrait être un souvenir de cette scène. On y voit Arlequin accueilli avec beaucoup d’égards, mais le texte accompagnant cette représentation souligne la dimension carnavalesque : le faste déployé fait penser à une réception burlesque, selon le principe du « monde renversé ». Le final d’Arlequin Jason a contribué à la renommée de cette comédie, grâce à l’animation par Médée de « toutes les autres statues [qui] descendent de leurs piédestaux, et forment une entrée de ballet », à la parodie de la chaconne d’Amadis, et à l’imitation par Arlequin d’un célèbre danseur de l’Opéra (Pécour). ILD