Guanyin (Avalokitesvara) aux mille mains et aux mille yeux

Exemple de dessin au trait à l’encre noire rehaussé de quelques couleurs, vermillon avec des touches de vert, de brun rosé et de bleu ciel, cette représentation de Guanyin, dite aux mille mains et aux mille yeux, a probablement servi d’autel portatif. Elle illustre parfaitement son nom de « bodhisattva qui tourne son regard vers les appels du monde » et représente la figure salvatrice par excellence du bouddhisme chinois.

Le bodhisattva en majesté est pourvu de neuf paires de bras qui dessinent comme une roue extérieure cerclée par le nimbe, seize mains tiennent des attributs ou exécutent une gestuelle symbolique, tandis que les deux dernières élèvent, au-dessus de la tête, la représentation du bodhisattva Amithaba à qui Guanyin est souvent associée. L’usage, notamment pour les vêtements, du vermillon qui est resté très vif contribue à manifester la puissance de la divinité ; les nimbes soulignés de rouge accentuent également l’impression de rayonnement intense ; l’encadrement au trait noir sectionne audacieusement le nimbe garni d’une multitude d’yeux.
De part et d’autre se tiennent deux petits personnages : le misérable de droite est « un pauvre homme mendiant des pièces de monnaie », et celui de gauche « un démon affamé priant pour de la rosée douce » ; en réponse, les mains de Guanyin font le geste du don.

L’agitation des multiples bras et yeux en état de veille permanente de Guanyin, et les souffrances d’une humanité pitoyable et implorante présentent un contraste frappant avec la sérénité du visage du bodhisattva. On note aussi la grande disproportion de taille entre la divinité debout pieds nus, tel un pilier, sur un socle en fleur de lotus et les chétifs humains qui l’implorent. Malgré le caractère monumental et hiératique de la puissante divinité, la douceur et la mansuétude des traits du visage et les yeux baissés vers la terre dégagent un sentiment de compassion. La peinture, exécutée avec sûreté et une grande économie de moyens, est très émouvante.