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Gravure en taille douce : techniques pour calquer, graver, tailler, ébarber

Illustrations de l’Encyclopédie ou dictionnaire raisonné des sciences, arts et métiers
Gravure en taille douce : techniques pour calquer, graver, tailler, ébarber
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Après avoir décalqué le dessin qu’il veut reproduire sur une planche vernie, le graveur repasse tous les traits à l’aide d’un burin, de manière à créer des entailles dans le vernis. Une fois la planche gravée, les entailles sont attaquées ou « mordues » par l’eau-forte versée sur la planche, ce qui n’est pas le cas des endroits recouverts de vernis. On obtient ainsi une plaque de cuivre gravée, prête à l’emploi pour l’imprimerie.

Détail des figures
« On frottera de poudre de sanguine ou de mine de plomb le dos du dessin qu’il s’agit de transmettre sur la planche vernie (fig. 1).
Après la préparation ci-dessus on appliquera le dos du dessin sur le côté verni de la planche ; on attachera ce dessin en plusieurs endroits avec de la cire sur la planche. On passera ensuite avec une pointe sur tous les traits du dessin, sur toutes les touches, et on déterminera la forme des ombres, des demi-teintes… (fig. 2).
Cette opération faite on relèvera le dessin de dessus la planche, et on aura sur le vernis un fécond dessin semblable à celui qu’on vient de calquer (fig. 3). On sent de quelle conséquence il est d’avoir sur le cuivre un calque correct et précieux, puisque c’est par-là qu’on parvient à laisser aux masses de lumière, la même étendue qu’elles ont dans l’original, et à renfermer les ombres et les demi-teintes dans leurs jolies limites : enfin à admettre dans la gravure les méplats et les finesses de contours qui font le caractère de ce qu’on se propose d’imiter.
La planche ayant été préparée à la pointe, ainsi qu’on la voit, sera passée à l’eau-forte, c’est-à-dire que l’on la fera mordre, ce qui se fait avec de l’eau-forte à couler, ou avec l’eau-forte de départ. Est représentée aussi la manière de tenir le burin, la main étant vue en-dessous pour laisser voir la position des doigts et la situation du burin dans la main, le burin du côté du ventre, le manche coupé en cet endroit (fig. 4).
La même main est vue dans l’action de graver, le burin vu par le dos, la matière que le burin enlève, qui se roule en forme de copeau. Il est à observer que dans quelque situation que soient les tailles que l’on veut former par rapport à la planche ou à l’artiste, le graveur doit tourner la planche sur son coussin de manière que les tailles qu’il se propose de faire ainsi que son burin, soient dans une situation à peu près parallèle au bord de la table contre lequel il s’appuie. La main doit pousser le burin de droite à gauche, et on doit toujours laisser les tailles les premières faites du côté du pouce (fig. 5).
Sont représentées les premières tailles sur lesquelles on a passé des secondes et des troisièmes (fig. 6).
Le même exemple de la dénomination des tailles est repris, mais il est différent en ce qu’il offre ce qu’on appelle un grain de gravure losange (fig. 7), contrairement au premier exemple qui est de une gravure carrée (fig. 6) : on voit dans ces deux exemples, que les premières tailles sont fortes et près l’une de l’autre, les secondes tailles un peu plus fines et plus écartées que les premières, et les troisièmes plus fines et plus écartées que les deux autres : il en serait de même des quatrièmes, s’il y en avait.
On dit en général gravure serrée, gravure large quand en considérant les tailles qui formeront la base du travail d’un sujet, elles seront près l’une de l’autre, ou écartées relativement à la grandeur de ce sujet. La gravure serrée relativement est plus propre à peindre, et donne de la douceur à une estampe, et la gravure large alourdit les objets, les rend moins souples en général, et fatigue l’œil du spectateur.
La gravure losange (fig. 7.) est celle dont la seconde taille est mise obliquement sur la première, ce qui produit les losanges. La gravure quarrée est celle dont la seconde taille est mise perpendiculairement sur la première, ce qui forme les carreaux. De là on dit en général, qu’un objet est gravé losange ou quarré, lorsque les tailles dominantes qui établissent les formes, les ombres, ou les demi-teintes se croisent obliquement ou à angles droits l’une sur l’autre. »

Bibliothèque nationale de France

  • Date
    1777-1779
  • Lieu
    Paris, chez Briasson
  • Auteur(es)
    Denis Diderot (1713-1784) et D’Alembert (1717-1783), éditeurs
    A.-J. de Fehrt (1723-1774), graveur
  • Provenance

    BnF, département Littérature et Art, Z-367, volume 5, planche III

  • Lien permanent
    ark:/12148/mm1322003952