Évariste Gherardi faisant le personnage d'Arlequin, vers 1710

Avec la mort de Domenico Biancolelli en août 1688, la Comédie-Italienne perd un grand interprète d’Arlequin. C’est Évariste Gherardi (1662-1700) qui lui succède. Choisissant « pour [son] coup d’essai » de reprendre le rôle d’Arlequin dans Le Divorce de Regnard, le 1^er octobre 1689, Gherardi est très bien reçu du public, comme il le souligne dans la défense du Divorce insérée juste après le texte de la pièce dans l’édition du tome II du Théâtre italien. Il évoque « le plaisir de me voir universellement applaudi après l’inimitable monsieur Dominique, qui a porté si loin l’excellence du naïf du caractère d’Arlequin, que les Italiens appellent goffagine, que quiconque l’a vu jouer trouvera quelque chose à redire aux plus habiles, et aux plus fameux Arlequins du monde ». Contre l’avis de la troupe, il décide de faire publier dès 1694 un recueil de pièces jouées par les Comédiens-Italiens sous le titre : Le Théâtre italien (Paris, chez Guillaume de Luyne). D’autres parutions suivent avec une augmentation du nombre de pièces sélectionnées par les soins de Gherardi, ainsi que des contrefaçons, jusqu’en 1700, année de la publication à Paris, chez Cusson et Witte, des six tomes du Théâtre italien, regroupant cinquante-cinq pièces au total, accompagnées de frontispices. Il s’agit de la dernière édition revue par Gherardi qui meurt en août 1700 « des suites d’une chute faite en donnant à Saint-Maur une représentation sur un théâtre de société » (Émile Campardon) : il est inhumé « le lendemain au cimetière des Saints-Innocents ». ILD