Reçu signé de Domenico Biancolelli, dit “Dominique”, Paris, 20 mars 1688

Le grand Arlequin qu’a été Domenico Biancolelli, dit « Dominique », depuis ses débuts en 1661 jusqu’à sa mort (le 2 août 1688), est l’un des acteurs les plus aimés du public français dans la deuxième moitié du 17^e siècle. Grâce à lui, le type d’Arlequin évolue : il perd de sa balourdise, gagne en esprit de repartie et fait même preuve d’esprit. Les pièces du Théâtre italien réunies par Évariste Gherardi attestent chez les auteurs écrivant pour l’Hôtel de Bourgogne le souci de mettre en valeur son sens de l’à-propos et son éloquence comique dans certains monologues ou des tirades. Quant à son engagement physique sur scène, il se caractérise par une remarquable agilité et une capacité à endosser de multiples déguisements. Il a rédigé un recueil connu sous le nom de Scenario où il a consigné l’ensemble de ses lazzis et repris les principaux canevas de la comédie italienne (cf. l’édition de référence établie par Delia Gambelli : Arlecchino a Parigi, tome 2 : Lo Scenario di Domenico Biancolelli, Rome, Bulzoni Editore, 1997). La célébrité de « Dominique » est telle que, dans Les Intrigues d’Arlequin aux Champs-Élysées (« Lettre de Cardan »), l’abbé Bordelon évoque ainsi sa disparition lorsque Pluton le présente devant une assemblée d’illustres philosophes : « […] c’est un comédien italien, qui a réjoui le peuple le plus délicat et du meilleur goût qui soit sur la terre. Les plus sérieux étaient obligés, en le voyant, de rompre la contrainte de leur gravité ; il n’avait qu’à paraître sans parler, ou à parler sans paraître, pour donner une joie extraordinaire aux spectateurs. » Le portrait est particulièrement élogieux et est à l’unisson des éloges reçus durant sa carrière par Domenico Biancolelli. C’est Évariste Gherardi qui prend officiellement sa succession le 1^er octobre 1689 dans Le Divorce de Regnard. ILD