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La technique de la lithographie

L’atelier du lithographe
L’atelier du lithographe

Bibliothèque nationale de France

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Inventée par Aloys Senefelder en 1796 en Allemagne, la lithographie, révolutionne l’art de la gravure au début du 19e siècle. Plus simple et plus rapide que les procédés de gravure sur bois ou sur cuivre, elle permet aussi une plus grande liberté dans le dessin.

Le procédé

On dessine tout d’abord sur une pierre lithographique, calcaire bavarois poreux, qui absorbe l’eau et repousse la graisse, avec un crayon ou une encre spéciaux, qui refuse l’eau. On humidifie et on encre ensuite au moyen d’un rouleau en caoutchouc : l’encre n’adhère que sur les seules parties dessinées. Après son encrage, la pierre est couchée sur le chariot de la presse et on la recouvre d'une feuille de papier humecté. Il suffit alors d'une légère pression pour obtenir autant de copies qu'on le désire avec un parfait rendu. Comme pour les autres procédés de gravure, il est nécessaire de dessiner autant de pierres ou de zincs que de couleurs et toutes les impressions sont superposées en registre.

Le critique d’art Pierre Cabanne, dans son étude sur Honoré Daumier[1], apporte quelques précisions sur les étapes suivies par les éditeurs : « L’édition d’une lithographie comporte plusieurs phases : une fois la pierre dessinée, un ou deux exemplaires, parfois trois, sont tirés sur du papier blanc ou ivoire soyeux, assez fort ; ce sont les épreuves dites “avant la lettre”, les plus recherchées par les amis et amateurs de Daumier. Si l’essai se révèle satisfaisant, le sujet est complété de sa “lettre”, légende, titre, numéro de série, etc., et l’on procède au tirage sur du papier blanc épais ; ces épreuves dites “sur blanc” étaient écoulées à la pièce ou réunies en séries. La pierre servait ensuite à exécuter le tirage destiné au journal qui pouvait être de 2 à 3000 exemplaires, vendus pour une somme modique à ses lecteurs.
La censure établie, le tirage “avant la lettre” dut être remplacé par des “épreuves d’essai” sur papier mince à deux ou trois exemplaires, dont l’un pour le dépôt légal, un autre pour la censure, le troisième pour les corrections de la lettre. »

Daumier numérotait toutes ses planches à la main, ce qui permettait d’identifier les 5 ou 6 pierres qui lui étaient livrées chaque semaine par Le Charivari. Il les retournait – sauf exception – sans légendes. Celles-ci étaient ajoutées à la plume ou à l’encre, au-dessous d’une première épreuve réservée au dessin seul.

Les avantages de la lithographie

La lithographie permet aux dessinateurs d’échapper à un certain nombre de contraintes techniques, d’exécuter directement leur dessin sur la pierre en se passant de l’intermédiaire du graveur et donc de réagir plus vite à l’événement. Elle est beaucoup employée dans les journaux à cause de sa rapidité d’exécution.
Elle favorise par ailleurs une large diffusion des œuvres dans la clientèle bourgeoise : les magasins de lithographies se multiplient dans toutes les grandes villes.

« Depuis 1789, écrit Balzac dans le prospectus de lancement du journal La Caricature, la caricature a été un besoin pour notre pays. Elle y est énormément populaire, et si, jusqu’à présent, elle ne s’est pas rendue périodique, comme la pensée ou comme la plaisanterie, c’est que le prix de la gravure interdisait cette spéculation. Aujourd’hui, les procédés de la lithographie ont permis de rendre presque vulgaire cette jouissance exquise que les Parisiens seuls pouvaient renouveler tous les jours dans les rues, ou çà et là sur les boulevards. »
 

[1] Pierre Cabanne, Honoré Daumier témoin de la comédie humaine, Éditions de l’Amateur, 1999

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