Entre noir et blanc : valeurs de gris

En surexposant ou sous-exposant leur pellicule, en faisant « monter » les blancs ou en « creusant » les ombres au tirage, certains artistes donnent corps à un désir de noir ou de blanc absolus. Leurs mono­chromes noirs ou blancs tirent respectivement vers le trop-plein ou la dilution de toute matière : opacité ou éblouissement y dissolvent les contours du monde jusqu'à l'abstraction.

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De la série Les Corps négatifs

Les Corps négatifs sont des passants photographiés dans des rues d’Inde en contre-jour. L’appareil tourné vers la lumière les saisit comme autant d’éclipses de soleil. Les négatifs sont insolés entre deux bains de révélateur. Cette solarisation inverse les valeurs : ce qui était initialement ombre devient nuance de gris-blanc sur le tirage ; la lumière prend corps dans l’épaisseur d’un noir photographique.

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© Caroline Feyt

Entre blancs purs et noirs saturés s'égrène une gamme de niveaux de gris correspondant à l'ensemble des ondes du spectre. L'expression « noir et blanc » fait en effet oublier que ces deux valeurs ne sont que les extrêmes d'un large éventail de demi-teintes. La qualité exceptionnelle des papiers argentiques dans les années 1970-1980 a contribué à révéler l'infinité des possibilités graphiques et plastiques offertes par ces nuances de tons.

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Rideau 

La série  « Rideau » compte 35 photographies réalisées en noir et blanc entre 1994 et 1996 en studio.

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© Marie-Jésus Diaz

Cette riche palette chromatique allant du noir au blanc forme un nuancier, qui, par ses finesses de variations, excelle à restituer les surfaces et les matières. Au photographe de composer avec les sels d'argent comme avec un matériau à modeler.

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Mon aventure avec le brai n°15

Infatigable défenseur et expérimentateur de l’art photographique notamment monochrome, Dieuzaide a ici cherché à rendre photographiquement le processus de solidification d’un goudron visqueux, le brai. Les demi-teintes argentiques de cette série traduisent le moindre changement d’état de cette matière informe. Tour à tour opaque et miroitante, elle est magnifiée en une suite de paysages aux ondulations sensuelles.

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© Jean Dieuzaide

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Ananas

S’il a testé les mérites de la couleur, ce défenseur français d’une photographie pure et sans artifice s’est principalement exprimé en noir et blanc. Rappelant volontiers que la photographie monochrome est aussi faite de gris, il a su allier la maîtrise des demi-teintes à la précision des prises de vue à la chambre pour rendre au mieux les détails et les textures de ses nombreuses natures mortes.

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Emmanuel Sougez © Héritiers d'Emmanuel Sougez