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Extrait

Flaubert vu par Pierre Michon

Pierre Michon, Le Magazine littéraire, 2001.

« En réalité, il y prend un plaisir fou et il veut se faire plaindre en même temps. Tout cela, c’est la mécanique Flaubert, c’est un homme de plaisir. Je repense à Sade, qui est partout dans Flaubert, et à Hugo aussi, qui n’est pas si loin de ces deux zèbres-là. Ce sont quand même des hommes de plaisir… de jouissance solitaire bien souvent, mais de plaisir inouï. Toutes les dénégations de Flaubert sur sa souffrance et sur son mal à écrire cachent un extraordinaire appétit pour le plaisir : un plaisir qui lui a fait fermer sa porte, ne plus avoir de femmes, se débarrasser de tout le reste pour se mettre dans les auteurs latins, dans ses tas de papiers, ses carnets, ses notes, ses petits quadrillages… et dans l’illumination de ses phrases, parfaites. Ce qu'il cherche, c’est le miracle d’un embrasement de la langue, que les mots se mettent à scintiller et à flamboyer : il appelle ça les "aigrettes de feu. " »

 

Pierre Michon, Le Magazine littéraire, n° 401, septembre 2001.
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