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Extrait

« Lecture » des animaux sacrifiés chez Cicéron

Ciceron, De la Divination, Livre II
Cicéron s'interroge sur la pratique divinatoire par sacrifice animal.
La phrase en gras se prête à l'analyse par des élèves.

Nam et ad hostiam deligendam potest dux esse uis quaedam sentiens, quae est toto confusa mundo, et tum ipsum, cum immolare uelis, extorum fieri mutatio potest, ut aut absit aliquid aut supersit ; paruis enim momentis multa natura aut adfingit aut mutat aut detrahit. Quod ne dubitare possimus, maximo est argumento quod paulo ante interitum Caesaris contigit. Qui cum immolaret illo die quo primum in sella aurea sedit et cum purpurea ueste processit, in extis bouis opimi cor non fuit. Num igitur censes ullum animal, quod sanguinem habeat, sine corde esse posse ? Qua ille rei {non est} nouitate perculsus, cum Spurinna diceret timendum esse ne et consilium et uita deficeret: earum enim rerum utramque a corde proficisci. Postero die caput in iecore non fuit. Quae quidem illi portendebantur a dis irnmortalibus ut uideret interitum, non ut caueret. Cum igitur eae partes in extis non reperiuntur, sine quibus uictuma illa uiuere nequisset, intellegendum est in ipso immolationis tempore eas partes, quae absint, interisse.

Dans le choix de la victime, il est possible que cette puissance douée de sentiment qui est répandue dans le monde entier serve de guide ; il est possible aussi qu'au moment où l'on immole la victime quelque changement s'opère dans les entrailles et qu'en conséquence il s'y trouve quelque chose en trop ou en moins : en peu d'instants la nature peut ajouter beaucoup, modifier, retrancher. Nous en avons une preuve impossible à révoquer en doute dans les particularités qui ont précédé de peu la mort de César. Il immolait une victime le jour même où il s'assit pour la première fois sur un siège d'or, vêtu lui-même de pourpre et il ne se trouva point de cœur dans les entrailles du bœuf opime. Peut-on croire qu'un animal qui avait du sang fût dépourvu de cœur ? Cette disparition inattendue frappa César et Spurina lui disait que ce qu'il fallait craindre, c'était la perte de la pensée réfléchie et aussi celle de la vie, l'une et l'autre ayant leur principe dans le cœur. Le jour suivant le foie manqua de tête. Ces prodiges signifiaient à César de la part des dieux que sa fin était proche, ce n'était pas une invitation à se bien garder. Quand, dans la tête sacrifiée, manquent certains organes indispensables à la vie, on doit connaître qu'ils ont disparu au moment même de l'immolation. 

Cicéron, De la Divination - Du Destin - Académiques, traduction nouvelle avec notices et notes par Charles Appuhn, Paris : Garnier Frères, 1937, consultable en ligne sur : http://remacle.org/bloodwolf/philosophes/Ciceron/index.htm.
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