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Jodelet

Jodelet
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Bosse nous offre sur cette estampe le portrait de l’un des farceurs les plus populaires de la scène parisienne du 17e siècle. Jean Loret, en 1660, dans la Muze Historique, évoque cet acteur, soulignant qu’il est “la perle des enfarinés”. Jodelet était le nom de scène de Julien Bedeau (1590 ?-1660). L’acteur joua dans différentes troupes et en particulier avec celle de l’Hôtel de Bourgogne, mais il fut surtout le farceur en titre du théâtre du Marais, installé dans un jeu de paume de la rue Vieille-du-Temple en 1634. Julien Bedeau y créa le rôle de Jodelet, personnage de valet bouffon, niais et naïf dont il garda le nom. Il apparaissait sur scène le visage enfariné et portant de grosses moustaches, suivant en cela l’exemple des comédiens de la commedia dell’arte. Son jeu était très proche également de celui des acteurs italiens, le ton qu’il prenait à jouer la comédie, aidé par une voix nasillarde, enchantait le public parisien. Son succès fut tel que Scarron écrivit pour lui plusieurs textes : Jodelet prince ou le Maître-valet (1645), Jodelet duelliste (1647), Jodelet souffleté (1654). La référence, dans le texte de cette estampe, au Maître-Valet permet de proposer la date de 1645 pour sa réalisation.
Le célèbre acteur sera plusieurs fois portraituré, l’une des gravures les plus renommées étant sans conteste celle de Gilles Rousselet : “Jodelet eschappe des flames”, qui commémore l’incendie du théâtre du Marais en 1644.
Lorsque Jodelet rejoint la troupe de Molière en 1659, après la fermeture du théâtre du Marais, il apparaît dans Les Précieuses ridicules, le visage enfariné pour témoigner de sa fidélité à un genre qui disparaît peu à peu. La Fontaine confirme cette évolution dans un quatrain célèbre : “Nous avons changé de méthode, / Jodelet n’est plus à la mode, / Et maintenant il ne faut pas / Quitter la nature d’un pas.”
Jodelet décède un an plus tard et emporte avec lui ce type de comique qu’il avait créé et qui était passé de mode.

Dans la marge inférieure, au centre : IODELET, encadré par deux quatrains : On peut dire de Jodelet, / Qu’il scait ioüer son personnage, / Aussi bien qu’homme de son âge, / Faisant le Maistre ou le Valet. // Sa harangue est tousiours polie, / Et sans auoir rien d’affetté, / Par sa grande naifueté, / Jl guerit la Melancholie. ; au-dessous : le Blond excud auec Priuilege du Roy

Bibliothèque nationale de France   

  • Date
    Vers 1645
  • Lieu
    Paris
  • Auteur(es)
    Abraham Bosse (1604-1676), graveur
  • Description technique
    Eau-forte, 288 x 208 mm
  • Provenance

    BnF, département des Estampes et de la photographie, RESERVE QB-201 (32)-FOL

  • Lien permanent
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