Scènes de la vie de jésus

« Cet ouvrage est une des plus agréables productions des Jésuites missionnaires à la Chine des plus curieuses et des plus rares », telle est l'appréciation portée sur la page de garde d'une main qui est certainement celle d'Henri Bertin, ministre de Louis XV, puis de Louis XVI, responsable de la Compagnie des Indes. Initiateur de la publication des fameux Mémoires concernant les Chinois, il était aussi l'ami de Madame de Pompadour à qui il avait offert ce petit livre qu'il avait reçu de Chine.

Publié par le P. Giulio Aleni (1582-1649), jésuite vénitien arrivé à Macao en 1610, dans la province du Fujian, à l'extrême sud de la Chine, où le christianisme avait été introduit à la fin du 16^e siècle, il est le complément illustré d'une Vie de Jésus en huit chapitres, Tianzhu Jiangsheng yanxing jinglüe, que le même Aleni avait publiée deux ans plus tôt et qui sera regravée jusqu'au 19^e siècle. La source iconographique est la même que celle de la Méthode pour la récitation du Rosaire, et plus du tiers des 153 gravures des Evangelicae historiae imagines sont reprises, mais le propos est totalement différent. Seuls les visages ont été légèrement sinisés, et quelques personnages chinois apparaissent dans la foule qui assiste à l'Assomption de la Vierge, à la dernière image. Il s'agit ici de reproduire fidèlement un modèle, gravé sur cuivre, et le dessinateur et le graveur s'efforcent d'en rendre le modelé. Mais le travail du bois, gravé en relief, ne permet pas de créer le même réseau de lignes croisées que le burin trace en creux sur le cuivre, et le résultat est d'une charmante gaucherie. Contrairement à l'usage chinois, un bois a été gravé pour chaque page et non pour deux pages consécutives : est-ce un autre témoignage de la difficulté de l'entreprise ?