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Manuscrit autographe des Mémoires de Saint-Simon

Manuscrit autographe des Mémoires de Saint-Simon
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Saint-Simon commence la rédaction des Mémoires à la fin de 1739, à soixante-cinq ans. Il la termine dix ans plus tard, ne s'interrompant qu'une fois, six mois, à la mort de sa femme en 1743. Il le complète par les manchettes marginales portant les nombreux titres des passages et les millésimes, et par un volume d’index. Le manuscrit comporte onze portefeuilles reliés en veau, timbrés aux armes et au chiffre de l’auteur : pas moins de deux mille huit cent cinquante-quatre pages, qui constituent l'unique rédaction.

Le mémorialiste n’a donné aucun titre à son œuvre. Conscient d’écrire pour la postérité, il tient à en conserver le secret : « Il faudrait qu’un écrivain eût perdu le sens pour laisser soupçonner seulement qu’il écrit. Son ouvrage doit mûrir sous la clef et les plus sûres serrures, passer ainsi à ses héritiers, qui feront sagement de laisser couler plus d’une génération ou deux et de ne laisser paraître l’ouvrage que lorsque le temps l’aura mis à l’abri des ressentiments. » (Avant-propos des Mémoires, p. 15). Les manuscrits, paraphés par le notaire, ont donc été confiés à celui-ci puis, en 1760, par lettre de cachet, transférés et séquestrés au dépôt des Affaires étrangères. Les extraits que Choiseul, alors ministre, fit faire par l’abbé de Voisemon, furent à l’origine de nombreuses copies et de sept éditions partielles et tronquées, de 1781 à 1819, date de la restitution officielle des manuscrits à la famille, qui permit enfin la publication en vingt-sept volumes des Mémoires en 1828-1829 chez l’éditeur Sautelet.

Longtemps passés au crible de la critique historique, les Mémoires de Saint-Simon ont désormais place parmi les monuments de la littérature française. Transcendant largement la période couverte (1691-1723), soit les années de la vie publique de leur auteur, et les déroulements chronologiques implacables des annales, ce n’est pas là seulement la vision déformante des événements et de la vie de cour au prisme des espoirs ou des ambitions déçus, comme ont souvent dit les détracteurs depuis Marmontel. C’est la fabrique d’un écrivain à la culture immense, à l’écriture d’une infinie richesse, qui mêle au fil de la plume d’innombrables sources canalisées par la vigueur du récit, la réflexion sur l’histoire, l’empreinte de la personnalité.

Bibliothèque nationale de France

  • Date
    1739-1749
  • Auteur(es)
    Louis de Rouvroy, duc de Saint-Simon (1675-1755), auteur
  • Description technique
    Manuscrit sur papier relié en veau, 11 vol., 2854 pages, 36,5 x 24,5 cm
  • Provenance

    BnF, département des Manuscrits, NAF 23096, p. 84-85

  • Lien permanent
    ark:/12148/mm1322008782