Otto Dix

Otto Dix est issu d’un milieu ouvrier, mais reçoit une éducation artistique par sa mère, qui s’intéressait à la musique et à la peinture. Il étudie à l’école des Arts appliqués de Dresde de 1909 à 1914. Très intéressé par les avant-gardes, le jeune peintre s’essaie au cubisme et au futurisme. Quand la guerre éclate, il s’engage comme volontaire dans l’artillerie de campagne allemande. En 1915, il change d’arme, passe dans les troupes de mitrailleurs et participe à de nombreuses campagnes en Champagne, dans la Somme ou en Russie, qui le marquent profondément. Il a alors en tête des images d’horreur qu’il essaie d’exorciser en peignant. Son œuvre la plus aboutie témoignant des expériences vécues lors de la guerre est le portefeuille de 50 estampes intitulé der Krieg, publié en 1924. Il parlera ainsi de cette expérience :

« J’ai bien étudié la guerre. Il faut la représenter d’une manière réaliste pour qu’elle soit comprise. L’artiste travaillera pour que les autres voient comment une chose pareille a existé. J’ai avant tout représenté les suites terrifiantes de la guerre. Je crois que personne d’autre n’a vu comme moi la réalité de cette guerre, les déchirements, les blessures, la douleur. »

« C’est que la guerre est quelque chose de bestial : la faim, les poux, la boue, tous ces bruits déments. C’est que c’est tout autre chose. Tenez, avant mes premiers tableaux, j’ai eu l’impression que tout un aspect de la réalité n’avait pas encore été peint : l’aspect hideux. La guerre, c’était une chose horrible, et pourtant sublime. Il me fallait y être à tout prix. Il faut avoir vu l’homme dans cet état déchaîné pour le connaître un peu. » Entretien avec Otto Dix, 1961, cité par Éva Karcher, Otto Dix, Taschen, 1992, p. 34.