Image

Les humanistes et la culture de la note

Flavius Josèphe, De Bello Judaico, 1475

L’humaniste est fondamentalement un annotateur de livres : ce lecteur de Flavius Josèphe couvre les marges de son livre de notes et de croquis à l’encre rouge et noire et indique à la fin qu’il a achevé ce travail le 24 septembre 1487, alors qu’il était injustement incarcéré à la prison de Saint-Vincent.

La forme de la note est consubstantielle à l’entreprise spécifiquement humaniste de la signification : celle qui postule que le sens est toujours restauration d’un sens oblitéré par l’histoire, retour à un sens que le temps humain a effacé, altéré ou obscurci. Les lettrés de la Renaissance ont donc cultivé l’annotation comme une opération technique de première importance dans l’ordre des pratiques savantes. Alors que l’habitude de prendre des notes ou d’en inscrire dans les marges d’un manuscrit est incontestablement très ancienne, sa rationalisation est un phénomène nouveau qui peut leur être attribué. Leur souci est toujours le même : que les marques qu’ils laissent sur le livre soient le plus possible parlantes, que leur articulation ne soit pas seulement graphique mais aussi déjà une articulation intellectuelle, et que la trace en marge du livre anticipe une intelligence du texte.
J.-M. Chatelain

Mots-clés

Bibliothèque nationale de France

Date
1475 pour l'édition du livre ; Notes et dessins datés de 1487
Lieu
Rome, chez Arnoldus Pannartz
Auteur(es)
Flavius Josèphe (38?-100?), auteur
Provenance
BnF, Réserve des livres rares, RES-H-6, fol. 85
Lien permanent
ark:/12148/mmpdsrt8qc72w

Commander l'image