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Louis Barthas, un homme pris dans la tourmente

Vimy, Pas-de-Calais. 22 mars 2013
Vimy, Pas-de-Calais. 22 mars 2013

© Jean-Pierre Bonfort

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Natif de l’Aude, tonnelier de son état, Louis Barthas (1879-1952) est l’un des très nombreux soldats de la guerre de 1914-1918. Parvenu sur le front au grade de caporal, il est démobilisé en 1919 et rédige juste après, sur 19 cahiers d’écolier, un témoignage unique de la guerre vue de la tranchée.

Louis Barthas et ses carnets

Dans la guerre

En février 1919, le caporal Louis Barthas est démobilisé. À l’exception de quelques brèves permissions, il aura passé – depuis novembre 1918 – quatre années pleines sur le front : Artois, Flandres, Champagne, Argonne... Il a participé aussi bien à l’offensive de la Somme, aux batailles de Notre-Dame-de-Lorette que de Verdun. Bien qu’il appartint aux troupes de poursuite et non aux troupes d’assaut, il a connu toutes les vicissitudes, la misère, la peur, la fatigue, les maladies, les chagrins, les deuils qui étaient le quotidien des soldats de la première guerre mondiale.

Les carnets

Dès sa démobilisation, il entreprit immédiatement de rédiger ses mémoires, ou du moins de mettre au propre les notes qu’il n’avait cessé de prendre au fil de ses affectations. Ce seront au total 19 cahiers d’écolier, couverts de sa belle écriture calligraphiée à l’encre violette, et parfois illustrés de cartes postales et d’articles découpés dans les journaux, 19 cahiers qui seront le mémorial des camarades mort au combat.

Et moi, survivant, je crois être inspiré par leur volonté…

Louis Barthas

Barthas indique avec précision lieux et dates, construit son récit dans un style simple et vivant, restitue de manière réaliste le quotidien des tranchées et la perception qu’ont de la guerre ces hommes qui ne sont pas des soldats de métier. Les dialogues et les réflexions de ses camarades d’escouade ou le comportement de la hiérarchie sont rendus avec autant de naturel que de vérité et de talent littéraire – Barthas fut un écolier brillant. L’évolution du moral des soldats au fil des années, leurs moments de révolte ne sont ni dissimulés, ni caricaturés par ce pacifiste. Écrit de première main par un témoin direct, ce récit a de plus le mérite supplémentaire de couvrir presque toute la période. Barthas, épuisé et malade, sera évacué vers l'arrière en 1918, avant la dernière offensive.

Publication

Ces écrits demeureront inconnus jusqu’en 1978. Publiés à cette date sous le titre Les carnets de guerre de Louis Barthas, tonnelier, 1914-1918, par les soins de l’historien Rémy Cazals, ils ont immédiatement trouvé un écho auprès du public et connu depuis lors de nombreuses rééditions et traductions.

Ce texte n’était apparemment pas, à l’origine, destiné à une publication commerciale. Il s’agissait pourtant d’une ferme décision de faire mémoire des événements, des camarades, des souffrances endurées par les citoyens mobilisés, issus de toutes les régions de France.

– Et toi, me dit Ferié, toi qui écris la vie que nous menons, au moins ne cache rien, il faut dire tout.
– Oui, oui, tout, tout. Nous serons là pour témoins, on ne crèvera pas tous peut-être, appuyèrent les autres.
– Ils ne nous croiront pas, dit Mondiès, ou bien ils s’en foutront… 

Louis Barthas

Les Carnets ont ainsi constitué le socle du travail photographique de Jean-Pierre Bonfort. Louis Barthas fut en quelque sorte son guide au sein d’un territoire largement transformé au fil du vingtième siècle.

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