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L’arbre à alphabet

L’arbre à alphabet
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Vingt branches
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A, B, C
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La lettre D
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Les lettres I (J) et U (V)
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La lettre M
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Les lettres X, Y, Z
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Le maître d’école
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Le doigt du maître
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Le livre fermé
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Les élèves
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Les mains des élèves
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La métaphore du savoir prend volontiers au Moyen Âge la forme d'un arbre, arbre de la connaissance ou arbre à alphabet, comme dans cette illustration extraite d'un manuel scolaire, invitation à découvrir l'apprentissage de l'alphabet par les jeunes élèves du 15e siècle.

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L’arbre à alphabet

Ein Heysamelere und Predig
Opuscule de Geiler von Kaysersberg

L’image illustre le tout début d’un petit manuel scolaire destiné à l’instruction de jeunes moniales du couvent des Pénitentes de Fribourg à l’extrême fin du Moyen Âge.
La métaphore du savoir adopte volontiers, à cette époque, la forme d’un arbre, à l’instar de l’arbre de la connaissance du jardin du paradis terrestre.

Le premier savoir intellectuel à acquérir étant l’alphabet, l’image de l’arbre à alphabet est-elle naturellement venue à l’idée des pédagogues médiévaux, surtout quand ils sont aussi prédicateurs, comme c’est le cas de Geiler von Kaysersberg : car prêcher, c’est planter un arbre, disent ses confrères…

Au pied de l’arbre à alphabet, où les lettres sont accrochées aux branches comme des pommes, les élèves étudient avec leur maître. Ce dernier montre du doigt la lettre a, donnant le sens de lecture (dans celui des aiguilles d’une montre), le d, comme dominus (maître en latin), touche son chapeau, désignant sa profession ; la lettre maîtresse est le M, initiale de la Vierge Marie, les trois dernières lettres, x, y, z, n’ont pas droit à une branche pour elles toutes seules, mais chacune a un surgeon : les lettres dites « grecques » ne sont pas classées sur le même plan que les autres. C’est pourquoi elles apparaissent à part, à la fin de l’alphabet seulement.

Vingt branches

L’arbre à alphabet ne comprend que 20 branches. En effet, le U se confond avec le V, et le I avec le J. Le W anglo-saxon est exclu. Les lettres grecques X, le Y et le Z sont représentées sur des surgeons. Les premières branches, celles des lettres a, b, c, donnent son nom à l’image.

A, B, C

Les trois premières lettres, A, B, C sont isolées sur des branches plus courtes que les autres. Or, on appelait « abécé » les opuscules pour apprendre les lettres. Le D est peu dissocié du C. Bientôt, au 16e siècle, va s’imposer le mot d’« abécédaire », qui prend aussi en considération la quatrième lettre de l’alphabet.

La lettre D

Les élèves peuvent ici apprendre à connaître le titre sous lequel désigner l’enseignant et la lettre initiale qui correspond  : le D. En effet, la lettre D touche le bonnet du maître,  insigne de son niveau d’études ; elle signifie « dominus », c’est-à-dire « maître » en français. Ce terme désigne l’universitaire qui, ayant obtenu le diplôme de « maîtrise » et la « licence » d’enseigner, a pu ouvrir une école. Il désigne aussi Dieu, maître de tout savoir : dans les prières en latin, Dieu est également appelé « Dominus ». A cette époque, le maître n’enseigne d’ailleurs pas seulement la lecture, mais aussi la foi.

Les lettres I (J) et U (V)

Comme chez les Romains, les lettres qui se prononcent pareillement se confondent : ainsi le U et le V, ou le I et le J.

La lettre M

La branche maîtresse de l’arbre, dans le prolongement même du tronc, porte la lettre M. C’est, dans l’arbre à alphabet, la plus pure des lettres, celle qui est supportée par une branche vierge de toute feuille : les seules autres lettres à être dans ce cas sont la première et la dernière, le A et le Z, qui ne devaient pas manquer d’évoquer, dans les esprits des clercs enseignants, tout commencement et toute fin.

Les lettres X, Y, Z

La dernière branche de l’arbre est la seule à porter trois lettres : la principale plantée à l’extrémité est le V. C’est est en réalité, la dernière lettre de l’alphabet latin. Les deux autres, qui n’ont pas droit qu’à un petit surjeon placé en dessous de la branche, de même que la dernière lettre d’alphabet, le Z, située sur une branchette écotée à la base de la ramure, appartiennent à un autre alphabet : l’alphabet grec. Dans le programme scolaire, elles ne sont ajoutées à l’alphabet latin qu’à la fin du Moyen Âge. C’est pourquoi elles n’ont pas droit à une branche pour elles seules. Les lettres dites « grecques » ne sont pas classées sur le même plan que les autres. Elles apparaissent donc à part, ou à la fin de l’alphabet seulement, comme encore de nos jours.

Le maître d’école

On peut imaginer comment se déroulaient les premières leçons de lecture : le maître énonçait les lettres d’alphabet dans l’ordre, en les désignant sur une image pour que les élèves apprennent à associer visuellement la lettre à sa graphie. Il en profitait pour expliquer aux élèves qu’il existait plusieurs alphabets et que l’alphabet latin était en train de capturer certaines lettres de l’alphabet grec, devenues indispensables. Il plaçait son enseignement sous l’autorité de la Vierge Marie, sainte patronne des jeunes lecteurs, et leur racontait peut-être comment l’Enfant Jésus avait lui aussi appris à lire, incitant les élèves à s’identifier à cet enfant modèle.

Le doigt du maître

Tel le tableau noir ultérieurement, c’est un arbre qui porte ici le contenu de la leçon : l’enseignement de l’alphabet, dans l’ordre, de A à Z. Le maître montre du doigt la lettre A. Ce faisant, il fournit deux indices aux jeunes et futurs lecteurs : il leur indique la première lettre à apprendre et leur donne le sens de lecture, qui s’effectue, sur cette image, dans celui des aiguilles d’une horloge.

Le livre fermé

La main gauche du maître repose sur un livre placé sur un tabouret, qui lui sert de lutrin de fortune. Ce livre est fermé : en effet, ses élèves ne savent pas encore lire. La mission du maître est de leur enseigner la lecture.

Les élèves

L’image illustre le tout début d’un petit manuel scolaire destiné à l’instruction de jeunes moniales du couvent des Pénitentes de Fribourg à l’extrême fin du Moyen âge. Des petites élèves eussent été mieux adaptées à leur cas ; mais les artistes médiévaux préféraient souvent représenter des garçons : il n’existe pas de modèle d’image figurant des filles à l’école. Aussi doivent-elles se satisfaire d’une illustration où des garçons leur montrent l’exemple, même si elles ne sont guère susceptibles de s’identifier à eux aisément...

Les mains des élèves

Le maître exigeait de ses jeunes auditeurs une sagesse absolue : assis, immobiles, lèvres closes, il ne leur était pas permis de bavarder pendant la leçon ni même de bouger. Concentrés, les enfants devaient apprendre par cœur l’alphabet dans l’ordre ; ils n’avaient pas besoin de s’exercer à l’écrire, car lecture et écriture n’étaient pas forcément enseignées dans les mêmes écoles ni aux mêmes enfants. Aussi peuvent-ils effectivement garder leurs mains serrées sous leur longue robe d’écolier