-
Album
Les hommes et la mer
-
Vidéo
Dieux et héros grecs
-
Article
L’Océan primitif
-
Album
Mille et un bateaux
-
Vidéo
La mer médiévale
-
Article
La mer, infranchissable ?
-
Album
Que se passe-t-il sous la mer ?
-
Article
La révélation des merveilles de la mer
-
Article
La mer est-elle sans fond ?
-
Article
La respiration de l’océan
-
Article
Quelle mer pour demain ?
Quelle mer pour demain ?

Chalutier Volontaire
Chacun de nous conserve en soi des impressions visuelles qui rappellent des sensations physiques : soleil, vent, tempête, océan, lumière, peuvent se traduire par chaleur, mouvement, lutte, ivresse, plaisir ; et aussi bien par angoisse, douleur...
Anita Conti
Les déballastages (ou dégazages) sont huit à dix fois supérieurs en volume à l’ensemble des nuisances provoquées par les seuls naufrages. 1 200 000 à 1 500 000 tonnes sont ainsi déversées chaque année dans les océans. Ce ne sont pas seulement des hydrocarbures mais une large gamme de détergents, de produits chimiques, d’huiles diverses qui polluent dans une quasi-impunité, voire en toute légalité au-delà des Zones économiques exclusives (200 milles) puisque l’on peut procéder à des rejets dans les mers ouvertes à condition de ne pas outrepasser certaines normes.
Parallèlement, les deux tiers de la pollution maritime proviennent de la terre par la voie atmosphérique, qui constitue la principale source d’apport au milieu marin de plusieurs substances particulièrement nocives – dont le mercure et le plomb –, et par le biais des rivières, des fleuves et des estuaires.

Costume de pieuvre pour l’opéra Sadko
L’opéra Sadko de Rimski-Korsakov met en scène un personnage de la mythologie russe, le marchand Sadko, qui avait parié qu’il s’emparerait du poisson « plumes d’or » avec l’aide du Roi des mers, car celui-ci avait aimé sa musique. En fait, il subit la vindicte du Roi des mers et doit descendre au royaume sous-marin.
La représentation de l'opéra au théâtre des Champs-Elysées dans les décors d'Alexandre Benois, peintre et décorateur russe, se fondait sur une chorégraphie de Michel Fokine interprétée par l'Opéra russe de Paris.
© ADAGP, Paris, 2024
© ADAGP, Paris, 2024

Herbier des frères Crouan. Notes, herbier d’algues
Les frères Crouan, Pierre-Louis (1798-1871) et Hippolyte-Marie (1802-1871), étaient pharmaciens et botanistes à Brest. Leur ouvrage, publié à cinquante exemplaires, est un herbier en trois volumes in-8° contenant 404 algues (sur les 406 trouvées par les auteurs sur les côtes finistériennes) classées par familles (Fucoïdées, Floridées, Zoospermées) et sous-familles. Fruit d’un travail considérable puisque portant sur plus de 20 000 échantillons, cet herbier a été réalisé après 15 années d’explorations continues. Les deux frères ont identifié et nommé près d’une trentaine d’espèces d’algues jusqu’alors inconnues. Certaines espèces portent leur nom, les Crouania.
Chaque feuillet de cet ouvrage porte une espèce d’algue séchée et collée, ainsi qu’une étiquette imprimée où sont précisés le lieu précis et la saison de récolte, avec des remarques morphologiques et biologiques intéressantes pour les algues nouvelles ou rares.
MNHN, bibliothèque historique
MNHN, bibliothèque historique
Dans beaucoup d’endroits du monde, les fleuves et les rivières ont été transformés en égouts à ciel ouvert. C’est ainsi, par exemple, que le rio Bogotá, en Colombie, est pollué à un point tel qu’aucune forme de vie n’y est possible et qu’aucune zone d’habitation ne s’en rapproche. Il contamine à son tour le bassin du rio Magdalena, qui rend insalubre la mer des Caraïbes sur plusieurs dizaines de kilomètres autour de son embouchure. En Chine, 80 % des déchets industriels sont actuellement rejetés sans aucun traitement dans les rivières et les fleuves, ce qui entraîne la pollution de plus de la moitié du réseau fluvial du pays. Dans les pays en développement, 20 % des espèces aquatiques auraient disparu ces dernières années.
Les mers ne sont plus aujourd’hui un espace infini, elles ne peuvent plus être l’ultime poubelle ; certaines espèces de poissons, comme les requins ou les espadons, affichent déjà, à en croire la Food and Drug Administration américaine ainsi que certains laboratoires d’écotoxicologie, des taux de méthylemercure supérieurs à 1 ppm – la limite étant à 0, 05 ppm. Ce taux peut même monter à 8 ppm pour certains types de baleines.

Bêtes de mer
Ce splendide bestiaire marin, dessiné par « le grand artiste des bêtes et plantes de la mer » qu’est Mathurin Méheut (lettre de Colette à Marguerite Moreno, 21 juillet 1927), illustre deux textes inédits de Colette, le second, La Flaque, développant le premier, Regarde... « Quels trésors de connaissance apporterions-nous, qui vaillent ceux que verse la vague aux pieds de notre enfant ? » : petite pieuvre « aux doigts magiques », crevettes « gloutonnes », crabe « maniéré comme une coquette », congre « flexible à miracle »...
© ADAGP, 2025
© ADAGP, 2025
Les activités humaines menacent tout à la fois la faune et la flore marines et à travers elles l’avenir de l’homme de bien d’autres manières. C’est cette juxtaposition même d’activités prédatrices qui nous fait craindre une rupture d’équilibre. La mer n’est pas en effet une oasis de vie sans fin car celle-ci se concentre essentiellement dans les zones bordières, c’est-à-dire peu profondes. Les estuaires notamment, lieux les plus menacés par les activités anthropiques, sont les véritables pouponnières de la mer. Les atteintes portées à ces espaces confinés, à l’origine de 80 % des espèces marines, menacent donc sans commune mesure avec leur superficie la densité même de la vie des océans, un phénomène que l’on a trop tendance à oublier. La destruction de ces « habitats » marins que sont les marais, les forêts de mangroves et les coraux, abaisse la capacité de reproduction de la faune et de la flore et amplifie les déprédations causées par les perturbations atmosphériques sur le milieu côtier.

Passage de la barre à N’Diago
Première océanographe française, cette grande dame de la mer embarquait comme photographe sur des chalutiers. « Debout dans la mer », elle a partagé la fierté et la noblesse des marins pêcheurs. Seule femme à bord, toujours sur le pont avec son carnet de notes et son appareil photo, elle travailla inlassablement.
Collection particulière
Collection particulière
Le cyclone qui a frappé la côte est de l’Inde en octobre 1999, qui a provoqué un raz-de-marée rentrant jusqu’à 50 km à l’intérieur des terres et entraînant la mort de quelque 10 000 personnes, aurait eu moins d’effets si le littoral avait continué à être protégé par les forêts de mangroves. De même, le maintien des marais, asséchés ou non, a permis au département de la Gironde de réduire les conséquences des fortes pluies du printemps 2001 ayant entraîné les inondations que l’on sait dans le Nord du pays. Doit-on souligner que l’US National Oceanographic and Atmospheric Administration a constaté que le nombre de perturbations exceptionnelles a cru de 20 % depuis 1990 ? …
Les particuliers ajoutent aussi leur lot de nuisances à l’environnement. Les récipients de boisson et autres que l’on abandonne sur les plages représentent une composante croissante du problème posé par les déchets. La pêche à pied raréfie les microorganismes ; la chasse sous-marine, tout au moins si elle est pratiquée de façon irresponsable, amenuise de nombreuses espèces de poissons de roches sédimentaires, la course aux beaux coquillages ou au corail rapportés en guise de souvenirs aboutissant à un pillage en règle, tandis que les milliers de bâtiments de plaisance en jetant leurs ancres labourent les champs de coraux et les riches herbiers de posidonies.

Le Capitaine Achab et Moby Dick
Le roman d’Herman Melville a immortalisé la lutte du capitaine Achab et de la baleine blanche. Ce récit a donné lieu jusqu’à aujourd’hui à de multiples adaptations au cinéma et au théâtre.
Bibliothèque nationale de France
Bibliothèque nationale de France

Affiche pour Moby Dick de Herman Melville
Le roman d’Herman Melville a immortalisé la lutte du capitaine Achab et de la baleine blanche. Ce récit a donné lieu jusqu’à aujourd’hui à de multiples adaptations au cinéma et au théâtre.
© Bibliothèque nationale de France
© Bibliothèque nationale de France
Mais il est encore une activité qui, pratiquée avec excès, risque fort, si les politiques n’agissent pas avec courage et détermination, de devenir l’une des plus sérieuses menaces qui soit pour l’avenir de l’espèce humaine : la pêche industrielle. Les stocks de poissons sont en effet exploités au-delà de leurs limites biologiques sûres. La surpêche épuisant les stocks traditionnels, on en vient ainsi à capturer d’autres variétés, notamment les poissons d’eaux profondes, particulièrement vulnérables compte tenu de leur faible fécondité.
La réglementation existante fixe, certes, pour de nombreuses espèces une taille minimale en deçà de laquelle le poisson doit être rejeté… mais il faut savoir qu’il ne survit pas en général et ne peut donc devenir adulte. Des mesures fortes s’imposent pour garantir le maintien des stocks et l’avenir même de la profession de marin pêcheur.
On le voit, le tableau est sombre et il conviendrait qu’il y ait infiniment plus de transparence ; le citoyen doit être informé afin d’ajuster ses comportements aux nécessités et d’être ainsi responsable, mais aussi pour faire pression, ou pour accompagner les politiques dans un processus de développement durable.

Une planche d’un luxueux ouvrage de conchyliologie
Entreprise artistique due à l’initiative du graveur François Michel Regenfuss, ce luxueux ouvrage de conchyliologie vise avant tout à représenter au plus près du naturel un choix de coquillages conservés dans des collections danoises. Pour commenter les douze planches représentant cent quarante-cinq coquilles en deux cent six figures enluminées, l’artiste a bénéficié du concours de trois naturalistes, Christian Gottlieb Kratzenstein, Peder Ascanius et Lorenz Spengler. Des trois tomes initialement prévus, seul le premier a vu le jour, le second, pour lequel douze planches étaient pourtant déjà gravées, n’ayant jamais paru.
Bibliothèque nationale de France
Bibliothèque nationale de France
La consommation de coquillages contaminés a des effets aux plans sanitaire et économique également considérables. La consommation de fruits de mer serait responsable de 11 % des maladies d’origine alimentaire aux États-Unis, de 20 % en Australie et de 70 % au Japon. Deux millions et demi de nouveaux cas d’hépatite sont constatés chaque année, qui entraînent la mort de quelque 25 000 personnes tandis que 25 000 autres sont durablement affectées.
Les intoxications d’origine algales (ciguatera, PSP…) sont également importantes puisqu’elles pourraient atteindre, d’après les estimations, le chiffre de 20 000 cas annuels sur la base d’une population de 6 milliards.

Carte de la partie du Zuiderzee envahie par la mer lors de la catastrophe du 25 décembre 1717
Bibliothèque nationale de France
Bibliothèque nationale de France
La croissance démographique continue menace, si des mesures fortes ne sont pas prises aujourd’hui, de faire exploser demain une situation qui est déjà en rupture d’équilibre. Avec 8 milliards d’êtres humains en 2020 et 10 milliards en 2050, les différents types de problèmes évoqués précédemment vont être, de façon concomitante, très largement majorés. Les rejets, qu’il s’agisse de ceux émanant de l’agriculture, de l’industrie ou des particuliers, risquent d’atteindre des niveaux dramatiques. L’augmentation démographique fragilisera d’autant plus l’océan Mondial que les concentrations sur le littoral affichent des taux d’accroissement beaucoup plus marqués.
À la densité de la population, il convient d’ajouter le développement prévisible du tourisme. La Méditerranée accueille déjà 135 millions de touristes (soit le tiers environ du tourisme international), chiffre qui serait de 235 à 253 millions en 2025 ! De nombreuses zones identifiées comme étant vitales sont sous la menace d’un tel développement et la plupart risquent de perdre leur diversité biologique d’ici 2020.
Parallèlement le trafic maritime qui a déjà été multiplié, en flux, par 4, 6 entre 1970 et 1999 va continuer de croître, ce qui est heureux par certains côtés (le trafic de cabotage de la France est dérisoire ; son développement permettrait de soulager le réseau routier), mais il convient d’être plus strict quant aux règles de sécurité, la probabilité des accidents dépendant en grande partie de la densité du trafic maritime.
Il est donc urgent d’inventer une politique maritime environnementale ; il en va de la crédibilité même des États quant à la protection bien légitime qu’attendent les citoyens.
Ces dangers peuvent être contenus si l’on fait preuve de détermination au niveau de la pêche, nous l’avons dit, et dans chacune des trois sources de la pollution maritime, à savoir : le transport maritime, les dégazages et les rejets émanant de la terre. Des solutions existent, il faut le savoir dans chacun de ces domaines ; c’est avant tout une question de volonté politique et celle-ci dépend dans une large mesure de la prise de conscience des citoyens.
La mer et les fonds marins seront bientôt au cœur même des principaux enjeux économiques et scientifiques. Les forages par grande profondeur ouvrent d’étonnantes perspectives, le développement de la biotechnologie marine ne fait que commencer, la découverte de nouvelles formes de vie dans ces oasis des grandes profondeurs que sont les sources hydrothermales nous permet d’entrevoir la grande alchimie des origines de la vie et nous percevons chaque jour davantage combien l’océan Mondial joue un rôle central au niveau climatique.
Gâcher pour des économies mesquines cet espace qui abrite 80 % de la biodiversité et qui est en passe de devenir un nouvel Eldorado est irresponsable, tant d’un point de vue écologique qu’économique. Il est grand temps qu’une politique de la mer dessine les rivages de notre avenir.
Lien permanent
ark:/12148/mm3m1j76xd0